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Biais cognitifs et Ecologie positive

Biais cognitifs et Ecologie positive

Le 27/02/2023 par Léonard

Comment fonctionne notre cerveau ? D'où viennent les biais cognitifs ? Comment les utiliser pour agir de manière plus responsable tout en y prenant du plaisir ?

Introduction

D’après Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie, le cerveau fonctionne à deux vitesses.

D’un côté on a le Cerveau 1, c’est le Cerveau préhistorique, celui qui doit décider vite si ce qu’il voit est une menace ou une opportunité, qui doit décider s’il doit s’approcher ou faire un détour.

Le second est le Cerveau 2, c’est celui qui va analyser et réfléchir, qui va transformer des impressions en convictions. Celui qui va rechercher un ami dans une foule, garer sa voiture en créneau dans une rue blindée ou estimer le rapport qualité prix d’un sandwich le midi.

Par exemple, le Cerveau 1 dirait en une seconde qu’il y a le même nombre de carré, le Cerveau 2 vérifierait en comptant que le nombre est bien exact.

Et que vous le croyez ou non, le Cerveau 1 représente 98% de notre temps.

Notre cerveau fonctionne 98% du temps comme il fonctionnait à l’époque des Mammouths.

Les biais

Et le “problème” d’utiliser des réflexes de survie dans une vie où le Starbuck et le métro représentent les plus grands enjeux est qu’il est parfois utilisé à mauvais escient.

Regardons un exemple :

Alex Todorov, professeur à l’université de Princeton montre à ses étudiants des photos d’hommes sur des durées très courtes, inférieures à une seconde et demande de les noter sur plusieurs critères et notamment la sympathie et la compétence.

Sauf que ces hommes n’étaient pas n’importe qui puisque c’était les candidats à différentes élections régionales voisines, bien sûr inconnus des étudiants.

Todorov a ensuite comparé ses résultats aux résultats politiques et dans 70% des cas, le vainqueur de l’élection est le candidat qui a obtenu la meilleure notation sur le critère des compétences.

Cette étude a ensuite été confirmée par des répliques en Finlande, en Angleterre, en Australie, en Allemagne et au Mexique.

La conclusion est simple : nous avons tendance à juger des compétences de quelqu’un simplement en regardant une image. C’est le fonctionnement de Cerveau 1.

Et les efforts à faire pour dépasser cela sont complexes car il faut lutter contre son fonctionnement biologique.

Le problème de Cerveau 1 avec les maths

Mais Cerveau 1 a ses limites.

Cerveau 1 ne sait pas compter.

Il peut estimer, il peut dire plus ou moins mais il n’a aucune notion du calcul précis, il se base uniquement sur l’émotionnel.

Par exemple :

On a demandé à un échantillon de personnes combien ils donneraient pour sauver respectivement 2000, 20 000 et 200 000 oiseaux souffrant d’une marée noire.

Si l’on réfléchit, il serait normal de donner 10 fois plus pour sauver 10 fois plus d’oiseaux.

Pourtant les résultats étaient respectivement 80€, 78€ et 88€.

Cerveau 1 ne sait pas compter.

Et c’est pour cela que si demain je vous pose la question sur votre niveau de bonheur, sur votre appréciation du président ou sur à quel point quelqu’un dans la rue vous semble digne de confiance, vous répondrez sûrement en disant “un peu”, “plus que”, “moins que”.

Manipulation des dimensions

Car Cerveau 1, plutôt que d’apprendre à compter va acquérir un nouveau super-pouvoir :

Manipuler les dimensions

Daniel Kahneman utilise comme exemple les crimes :

Si les crimes étaient des couleurs, le meurtre serait d’un rouge plus foncé que le vol.

Et si le crime était une musique, le meurtre serait joué bien plus fort que le vol.

Vous avez aussi ce super-pouvoir, je vous rassure.

Si je vous dis que :

J’étais complètement bilingue à mes 16 ans.

Maintenant répondez à ces questions :

Facile non ?

Et pourtant vous venez de comparer des choses qui n’ont strictement aucun rapport entre elles.

Et c’était beaucoup plus facile pour vous que d’évaluer précisément mon talent en langue.

Les questions de substitution

Sans s’en rendre compte, on réalise ce changement, ces questions de substitution, au quotidien.

Parce que pour toutes les questions complexes, on ne peut pas mobiliser notre Cerveau 2, on a besoin d’une réponse rapide.

Par exemple :

Combien serais-tu prêt à donner pour sauver les espèces en danger ? → Quelle est l’intensité des émotions que je ressens quand je pense aux petits dauphins braconnés ? → Je fais ensuite matcher mes émotions sur une échelle monétaire.

Quelle sera la popularité du président dans 6 mois ? → À quel point les gens aiment le président aujourd’hui ? → Je fais matcher mon impression à un pourcentage.

À quel point es-tu heureux aujourd’hui ? → Quel est mon mood aujourd’hui ?

Le décalage de l’affect

La problématique avec ces raccourcis est que notre esprit devient plus manipulable puisque les questions auxquelles on répond réellement sont basées sur nos sentiments et impressions au moment de la réflexion.

En témoigne l’étude allemande suivante :

On demande à des étudiants de remplir un sondage dans lequel on retrouve, parmi d’autres, les questions suivantes :

  1. “À quel point êtes-vous heureux ?”
  2. “À combien de RDV amoureux avez-vous été le mois dernier ? ”

Lorsque la question 1 arrive avant la question 2, la corrélation entre les deux réponses est à pratiquement 0. Ce qui est globalement sensé.

Cependant lorsque l’on inverse l’ordre, on trouve une corrélation à presque 60%.

Tout simplement parce que la question initiale sur notre bonheur est compliquée.

Le cerveau va donc la substituer dès qu’il en a l’occasion.

Biais cognitifs, Nudge et écologie positive

Les biais cognitifs sont à la fois un défaut de pensée mais aussi une opportunité pour pousser notre cerveau à des comportements plus responsables.

Ce sont ces mêmes biais cognitifs qui par effet vont nous pousser à se concentrer sur les conséquences négatives, à avoir l’impression qu’on ne peut rien faire ou au contraire se donner bonne conscience en une petite action.Il est important d’en être conscient pour éviter les réactions qui nous poussent à privilégier des comportements immédiats et émotionnels.

Mais ils peuvent aussi et surtout, lorsqu’on les maîtrise, nous aider à adopter des comportements plus responsables pour l’environnement.

On va pouvoir mettre en place des éléments basés sur le nudge par exemple pour faire en sorte que notre cerveau prenne du plaisir au quotidien à mieux agir.

Faire donc de l’écologie positive en domptant nos biais cognitifs.

Conclusion

Pour conclure, il est crucial d’avoir en tête que notre cerveau fonctionne à 2 vitesses.

C’est le cerveau 1 qui crée ce qu’on appelle les biais cognitifs.

Et c’est cela auquel il faut faire attention en se posant toujours la question de la source de notre raisonnement lorsque l’on veut avoir une réponse valide.

Découvrer une application des biais cognitifs pour l'environnement

Découvrer le LuniOne

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